Voici une question brûlante : vos économies vont-elles servir à subventionner l’industrie militaire française ? C’est ce que semble prévoir l’amendement au projet de loi de finances 2024, une mesure passée sans vote à l’Assemblée nationale le 7 novembre dernier, après l’activation d’un 49-3. Vous faites partie des millions de personnes qui possèdent un livret A ou un LEP et vous êtes concernés par cette question d’actualité ? On fait le point ensemble.
Vos économies sur Livret A et LEP vont-elles servir à financer l’armée ?
Financer l’armée avec vos économies ? Explications
Selon un amendement au projet de loi de finances 2024, le financement de l'industrie de la Défense en utilisant les ressources du livret A et du livret d'épargne populaire (le LEP) est désormais possible.
Cet amendement, porté par le député Christophe Plassard, avec le soutien de Thomas Gassilloud et Jean-Louis Thiériot, est sujet à controverse.
Il a soulevé un bon nombre d'inquiétudes parmi les membres du gouvernement, notamment quant à son influence sur le subventionnement du logement social, un secteur en crise depuis plusieurs années.
La problématique du logement social
Cette décision, passée en force après l'activation d'un 49-3, soulève de nombreuses interrogations au sein du gouvernement concernant l’avenir du financement du logement social. Voyez-vous, le livret A est le produit d'épargne numéro 1 en France et ses fonds sont d’ordinaire utilisés pour subventionner les besoins de ce secteur.
En principe, la gestion de chaque somme déposée est répartie entre la Caisse des dépôts (60 %) et les banques privées (40 %).
Si la partie administrée par la Caisse des dépôts restera allouée à 70 % au financement du logement social et à 30 % aux investissements en obligations et actions dans les entreprises françaises, les 40 % gérés par les banques privées devraient être reversés à l'industrie militaire française alors qu'ils étaient jusqu'alors utilisés d'une autre façon.
Les finances de l’industrie de la défense : état des lieux
Selon le rapport de Christophe Plassard, l'industrie de la défense, qui rappelons-le, est composée de 4 000 entreprises françaises dont quelques géants (Airbus, Naval Group ou Thales, par exemple), de nombreuses firmes de taille intermédiaire (ETI), des TPE et des PME, souffrent de multiples problèmes de financement.
En effet, les banques sont frileuses lorsqu'il s'agit de subventionner les besoins des entreprises de ce secteur. Elles considèrent l'investissement comme peu rentable et le jugent incompatible avec les nouvelles politiques de l'investissement responsable.
Les alternatives pour ne pas investir dans le secteur de la défense
Bien qu'adoptées par un 49-3, les nouvelles mesures doivent encore être validées par le Sénat avant de devenir effectives. Cependant, il sera possible de se tourner vers d'autres placements garantis, tels que l'assurance-vie en fonds euros.
Les Français pourront aussi se tourner vers des placements non garantis ou vers l'épargne solidaire. Enfin, en 2024, les jeunes auront accès au Plan d'épargne avenir climat (PECA), un placement orienté vers la transition écologique.
En conclusion, l'amendement au projet de loi de finances 2024, qui permet le financement de l'industrie de la défense grâce aux sommes placées sur les livrets A et les LEP (Livret d'Épargne Populaire), a fait couler beaucoup d'encre ces derniers jours.
Cette mesure, sujette à controverse au sein du gouvernement, a forcé l'activation d'un 49-3.
Elle génère depuis lors des inquiétudes quant à ses répercussions sur le financement du logement social, un secteur déjà très fragilisé. Par ailleurs, la mobilisation des économies des Français pour soutenir l'armée pose de nombreuses questions éthiques aux épargnants.