Arrivé en 2002 en France et dans la plupart des pays de l’Union européenne, l’euro fait partie de notre quotidien. Cependant, sa version papier tend à disparaître. Cette situation s’est accentuée durant la pandémie de la Covid19, où les paiements sans contact ont été largement privilégiés. De plus, avec l’arrivée des cryptomonnaies, force est de constater que les habitudes évoluent. C’est pourquoi la Banque Centrale européenne, avec à sa tête Christine Lagarde, anticipe la monnaie de demain et propose depuis le 1er novembre et durant deux ans son nouveau projet : l’euro numérique, qui risque d’entraîner dans son sillage la fin des billets de banque. Explications.
Alerte disparition : bientôt la fin des billets de banque ?
L’évolution des usages monétaires et la réduction des transactions en espèces
Avec l’arrivée du Covid-19, les méthodes de paiement dématérialisées et les nouvelles technologies financières se sont largement répandues, supplantant petit à petit l’utilisation des espèces. D’après les statistiques de la Banque centrale européenne, si en 2016, les paiements en espèces représentaient 73 % des transactions dans la zone euro, ce taux a chuté à 59 % en 2022.
En France, on constate également cette diminution. Ainsi, à la fin 2022, une étude relatait que 45 % des Français retiraient des espèces moins d’une fois par mois. 5 % d’entre eux ne s’approchaient jamais des distributeurs de billets, taux qui grimpe à 53 % pour les 18-34 ans et à 28 % chez les plus de 66 ans.
Face à ce désintéressement croissant des consommateurs, « nous devons préparer notre monnaie pour le futur » comme l’a annoncé Christine Lagarde, le 18 octobre dernier, lors de la phase préparatoire de l’euro numérique, qui démarrera le 1er novembre.
Durant ce temps, l’expérimentation sera de mises. Deux ans d’enquêtes pour établir les règles de fonctionnement et trouver des fournisseurs pour assurer le réseau. Mais pour comprendre ce projet, encore faut-il expliquer quelle forme il pourra prendre.
Le projet d’euro numérique : entre innovation et tradition
Ainsi, Mme Lagarde le présentait ainsi, lors du lancement de la phase préparatoire, le 18 octobre dernier :
Nous envisageons l’euro numérique comme une forme numérique d’espèces qui pourrait être utilisée pour tous les paiements numériques, gratuitement, et qui garantirait le plus haut niveau de confidentialité
Dans les faits, l’euro numérique représenterait une version électronique de la monnaie fiduciaire, proposée comme une option de paiement au détail directement émise par la BCE. En tant que devise officielle, elle serait mise à disposition sans frais pour tous les utilisateurs de la zone euro pour réaliser des paiements électroniques.
Actuellement, la monnaie émise par les banques centrales n’est disponible que sous forme physique. Dans un contexte où le numérique prend une place croissante, l’introduction d’un euro numérique marquerait une évolution majeure pour notre monnaie commune, l’adaptant à l'ère numérique.
Entre inquiétudes de confidentialité et disparition des billets
L’euro numérique crée de nombreuses inquiétudes, notamment à cause des campagnes de désinformation. Sur certains réseaux sociaux, on peut lire que cette monnaie aurait pour objectif de supprimer l’argent liquide et de tendre vers une surveillance généralisée des citoyens. Ces affirmations sonnent creux. Pour preuve, la BCE prépare de nouveaux billets de banque à l’horizon 2028.
L’euro numérique se contentera de coexister « avec les espèces, qui seront toujours disponibles, afin de ne laisser personne de côté », une garantie de la présidente de la BCE.
La prochaine devise électronique vise également à fournir une infrastructure sur laquelle les intermédiaires financiers de l’Europe pourront s'appuyer, leur offrant la capacité de proposer des services de paiement accessibles à travers toute la zone euro.
En effet, les paiements électroniques passent majoritairement par des systèmes américains tels que Visa ou Mastercard ainsi que par les cryptomonnaies. Christine Lagarde explique donc que ce projet vise à préserver « la souveraineté monétaire en réduisant notre dépendance à l’égard des systèmes non européens. »
Notons que le projet Libra, une monnaie que Facebook a voulu lancer en 2019, a probablement accéléré le processus.
- La pandémie de Covid-19 a accéléré le déclin de la monnaie papier, avec une baisse notable des transactions en espèces dans la zone euro.
- La BCE, sous la direction de Christine Lagarde, a initié le projet de l’euro numérique, envisagé comme une évolution nécessaire de la monnaie fiduciaire adaptée à l'ère numérique.
- L’euro numérique est présenté comme une option de paiement au détail sans frais, émise par la BCE, qui promet une grande confidentialité.
- Malgré les rumeurs de disparition totale des espèces, la BCE a des plans pour introduire de nouveaux billets de banque d’ici 2028.